samedi 14 novembre 2009

Neige - Texte de Sébastien Noulet

Ce spectacle laisse un peu perplexe. D’une grande qualité formelle, Neige a le mérite de plaire à nos yeux. Les brumes annonciatrices de la neige, la vibration de l’air, l’atmosphère pesante et amortie: l’effet escompté est réussi. D’abord hypnotisé, le spectateur se détache pourtant de ce qui se passe devant lui.
La répétition des phrases chorégraphiques, la longueur de certains temps morts rompent l’effet de magie produit par la neige. De temps en temps, malgré tout, on se raccroche à une image, à un corps qui s’efface, qui tourne sur lui-même, qui s’échappe ou disparaît. Parfois, aussi, des danseurs, seuls ou en couple, se débattent. Mais ces quelques échappées dans la danse ne laissent que des traces légères dans cette obsession que laisse la neige. Elle coule à flot, recouvre les traces et les corps, seule poésie.
Et la danse, face au monument de la 7e Symphonie de Beethoven, ne décolle jamais la neige de ses semelles. On voudrait mettre cette retenue sur le dos du froid, mais à aucun moment, on ne ressent réellement le froid de la neige. De même, aucun sentiment fort ne se dégage de la pièce.
Le froid se dégage plutôt de l’absence d’émotion. Les danseurs évoluent derrière un écran, une vitre, qui crée une distance rapidement trop puissante, même si en rapport concret avec l’effet voulu de boule de verre. Maladresse, aussi, dans la composition sonore trop gratuitement scandée par le leitmotiv de la 7e Symphonie de Beethoven, au point de lui retirer tout son impact et sa force. Quant à la chorégraphie, laissée pour compte et d’un tragique trop évident ou creux, elle finit par lasser et étouffer tout embryon d’émotion.
Au final, reste un goût de trop peu. La neige est un élément complexe qui peut être assimilé à toute une symbolique forte allant de l’innocence à la mort. Or, l’interprétation ne traite peu ou pas de ces thèmes et la mise en scène s’empêtre rapidement dans la lourdeur de la poudreuse. A cause de cette volonté trop évidente de perfection plastique, le phénomène n’est pas exploité à sa juste valeur. Et quand les personnages s’allongent définitivement dans la neige, on se demande presque si cette neige est autre chose qu’un simple décor.

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