lundi 23 novembre 2009

Cvartet pentru o lavaliera - Photos de Vava Stefanescu






Cvartet pentru o lavaliera - Texte de Julie Pirlot

Claustrophobes s’abstenir…! 
Un manque d’air, une oppression quand on regarde ce trio se débattre, enfermé, dans une cabine téléphonique. Petit espace clôt, comme un cercueil placé à la verticale. Serrés les uns sur/contre les autres, ils étouffent, manquent de place. Nous sommes réduits au rang de témoins impuissants.
Détruire la cabine, venir en secours: ce que l’on a envie de faire durant cette performance de soixante minutes.
La respiration des trois danseurs crée de la condensation sur les vitres de cet «isoloir» de métal et de verre. Elle forme petit à petit un voile flou qui vient cacher l’endurance de plus en plus éprouvante et étouffante, autant pour les trio d'interprètes que pour le public. Les traces de mains, de doigts et de corps qui viennent se frotter contre les parois de la cabine nous laissent apercevoir des performeurs épuisés. Nous sommes réduits au rang de voyeurs…
Ils grimpent, se croisent, se provoquent, se touchent, s'écrasent… Une image de panique nous est renvoyée. Comme s’ils étaient prêts à tout pour s’en sortir.
Etre à l’extérieur est réconfortant. Envie de profiter de tout l’espace qui nous entoure. A l'issue de cette performance, c'est ravi que l’on met le nez dehors pour respirer la liberté.

Adapting for distortion + Haptic - Texte de Julie Pirlot

Adapting For Distortion s'inspire de l'art cinétique et s'appuie sur les développements informatiques les plus récents. Haptic, le deuxième solo présenté, délaisse l'informatique et la vidéo projection pour privilégier la lumière et plus particulièrement les couleurs.

Illusions d’optique
Une statue qui vacille. Des lignes lumineuses blanches traversent, «découpent» ce corps comme des dizaines de lazer. Un art cinétique, une mécanique traitant, jouant des mouvements et de la lumière. Un art aux accents hypnotiques.
La projection de lumière est manipulée, calculée pour tromper l’œil, donner un effet de perdition du corps tapissé par cette projection. On est embarqué dans la 3e dimension, comme si Hiroaki Umeda était une image de synthèse projetée. Les jeux de lumière, autant que la musique, nous emportent dans un monde complètement surnaturel.
Les mouvements? Ils perdraient presque de leur netteté, de leur tracé dans l’espace. Comme si le corps de Umeda glissait sans efforts, comme s’il était contrôlé par une énergie électrique. Une possession qu’il laisse couler dans ses veines pour que chaque partie de son corps prenne vie individuellement. Telle une force cherchant à s’échapper du corps, une variation de flux électriques prend possession de cet homme qui ne semble plus humain. Tantôt immobile, tantôt en transe. Une transformation douloureuse de chacun de ses membres, comme si une électrocution intérieure les détruisait.

Associations et perceptions
Transporté ailleurs, l’espace est cadré par des arrêtes lumineuses. Un jeu de lumière cette fois plus calme, plus posé; coloré aussi. Des couleurs éblouissantes même. Sous les pieds d’Umeda, le sol change de tons au rythme de séquences nettement dessinées. Notre état psychologique change, lui aussi, de tonalité, selon la couleur projetée. Vert! Serein. Bleu! Apaisé. Rouge! Enervé…
Hiroaki Umeda danse au milieu de ces émotions colorées. Ses jambes sont incontrôlées, habitées. Une envie de s’échapper les font aller dans tous les sens. Parfois dans ses gestes, on a l’impression que ses os n’existent plus, que ses articulations sont devenues élastiques.
La musique, électronique, fait songer à un bruit de photocopieuse, incessant, modifié, poussé à l’extrême et plongé au milieu de basses puissantes. Sous ces chocs, le corps se crispe, paralysé devant une telle performance chorégraphique. Et au fond du ventre, des tremblements, des écrasements vous tordent.
La violence du plateau finit par vous pénétrer, et vous laisse une empreinte, ferme. On ressort de ce double solo comme d’une séance d’hypnose douloureuse et délicieuse à la fois.

Humus vertebra - Texte de Julie Pirlot

Trois épouvantails plantés
Dans un cercle de blé
Dorment sans vie
Se réveillent sans bruit,

Monstres de la nuit
Rêvent d’un destin aussi
Clowns tristes et effrayants
Sont la peur de petits et grands,

Ils envient Pinocchio, si seulement…
Immobilisés au milieu d’un champ
Pas fait de bois, mais de paille
Ne pas vivre, éprouvant travail,

Acrobates magnifiques
Réveil magique
Ils luttent et dansent
Efforts intenses...

Formant au départ une gigantesque sculpture immobile, le trio d’acrobates se révèle ensuite comme prisonnier de boîtes en bois. Brusquement, ils se détachent de leurs liens, grimpent, puis sautent, se suspendent sur ces caisses de bois qui leur servent dès lors de jeu de construction, façon tétris, ou de podium, banc, lit, cercueil… Un effet magique, comme si trois épouvantails se réveillaient d’un long sommeil. Aux allures de clochards, les trois équilibristes se disputent, luttent, dansent comme des enfants. Une nuit pour vivre, un jour pour mourir.
Le jeu de ces clowns «effrayants » passent tantôt au rire, tantôt à la poésie. L’équilibre et la synchronisation des mouvements à trois impressionne. Par moment, aussi, le trio est interrompu par des images d’animation de Stefano Ricci qui renforce le coté étrange de l’ensemble: des visages se déforment, des monstres et des personnages morbides apparaissent, disparaissent.
Amusante et pleine de sentiment, cette pièce-acrobatie vous laisse un souvenir partagé entre sourires et tendre compassion.

Haptic - Photos de Shin Yamagata







Adapting for distortion - Photos de Alex