samedi 21 novembre 2009

Adapting for distortion - Texte de Vincent Desoutter

Possession
Postulat: le corps d'Hiroaki Umeda est possédé. Par qui ou quoi, telle est la question. Secoué, traversé, parcouru, oscillant. Un peu tout ça à la fois. Son premier mouvement, à peine perceptible, est une respiration. Tour à tour, sa poitrine enfle, menace d'éclater, et se referme littéralement sur elle-même. Une tension réelle appuie les inspirations et les expirations. Chez Umeda, respirer n'est pas quelque chose qui va de soi. Le souffle qui entre et sort du corps devient révélateur d’un voyage intériorisé.
Le corps et son double, la pulsion qui le meut de l’intérieur. Cet Autre, indicible, qu'on aimerait saisir. On pourrait croire que l'épicentre se trouve quelque part dans le ventre, mais son mouvement se dérobe à toute logique et traverse ses membres, séparément, comme une vague. Comme une translation vectorielle, plutôt.


Univers parallèles
Construire et déconstruire des plans virtuels où le corps se retrouve immergé. Points de fuite variables ou absents. Rayons qui balaient l'espace et créent une sensation de mouvement perpétuel. Partition visuelle et sonore en symbiose. Le tout en cassures de rythme. Et l'Autre qui émerge de ces frottements entre le dansé, le visuel et le sonore, dédoublant Hiroaki Umeda. Danse à deux vitesses. Bluffant. Le démon de la danse que l'on imaginait n'est qu'une énergie floue, tranquille et fluide. Le corps, lui, est dans une agitation nerveuse très localisée. Négatif photographique. Pourtant, c'est de cette tache en surimpression que le pouvoir émane. Jamais elle ne permet un quelconque relâchement chez Umeda. C'est du rapport de possession que naît le sentiment de violence, non de la rapidité des mouvements brisés. On imagine alors le corps se retourner comme un gant, et engloutir le monde comme un trou noir.