Chorégraphe et metteur en scène florentin, Virgilio Sieni se base sur le célèbre texte philosophique de Lucrèce, De rerum natura, afin de poser les jalons de son histoire émouvante, réelle et touchante. L’homme se doit de connaître le monde pour se libérer, pour en jouir pleinement, l’âme tranquille. La nature et l’origine des choses s’avèrent être le questionnement de ce spectacle chargé de surprises. Carpe diem…
Le spectateur entre dans un espace brumeux et découvre, par jeu de transparence, derrière des rideaux qui bordent la scène, des corps qui évoluent en «coulisses» et surgissent enfin aux yeux de tous après quelques minutes. Divers objets insolites -tels un cheval factice ou une main géante à l’allure de ballon gonflable- surprennent l’observateur qui s’interroge sur la raison d’être de ces choses étranges, posées là.
Cinq danseurs forment un corps quasi unique; quatre hommes et une femme, une Vénus qui traverse les trois âges de la vie dans un ordre mélangé. Jeune fille, bébé, dame âgée. Trois âges traçant alors trois axes possibles, trois scènes. Le regard se pose sur les quatre danseurs en permanence; il n’est gêné par aucune incursion extérieure. Le corps de Vénus évolue dans le mouvement du temps. Il y a mémoire, il y a souvenir des membres qui ont basculé d’un état vers un autre, d’une mobilité vers une autre.
Dans la première scène, la Vénus passe de bras en bras, vole dans les airs, corps en suspension, électron automatisé ou presque dont le visage ne laisse passer quasi aucune émotion. Vénus devient un objet que l’on retourne avec délicatesse, lentement, tandis que le quatuor masculin, lui, évolue en toute cohésion et autogestion. On se croirait, au début du spectacle, dans un ballet classique dans lequel l’esprit d’ensemble se marque mais dans lequel, à la fois, chacun préserve de son autonomie. Vénus prend de la hauteur, en suspension dans les airs, recueillie dans les bras du groupe, pendant près de vingt minutes, avant de toucher réellement le sol.
Une fois quitté l’âge adolescent, Vénus prend son visage intrigant de poupon. Entrée en matière dans la deuxième scène. Étrange impression que cette figure de bébé collée au corps d’une femme. Traversée de lumière, recherche d’un chemin. Vénus évolue en dérangeant sans que l’on sache vraiment dire pourquoi. Bousculade, navigation. Une séquence à la limite de l’obscurité et de la lumière.
Jusqu’à ce que la femme vieillisse, cheveux blancs, robe rouge à paillettes. La fin est proche, c’est la troisième scène et les membres se laissent aller à leurs propres limites. Il y a comme un souffle prêt à partir. Une respiration. Un corps qui se prépare à tomber, se recroquevillant. Les choses sont mortelles. Tout comme les êtres. Vénus se raidit.
Une autre surprise, en «postface», se manifeste par l’arrivée improbable de Vénus à tête de cerf, toujours en robe à paillettes. Un chiffon pour essuyer des larmes versées. Un chiffon abandonné. Un aller sans plus de retour.
Malgré une évidente langueur, le spectateur ne peut s’ennuyer une seule seconde tant le rythme imposé l'emporte. On reste dans le souffle en subissant l’invisible, le brouillard, la lumière, le cycle de la vie. En s’émouvant, en restant dans le rêve d’un rêve qui laisse sa trace sur le regard que l’on porte à la vie et à sa fugacité. Carpe diem… Carpe diem...
Malgré une évidente langueur, le spectateur ne peut s’ennuyer une seule seconde tant le rythme imposé l'emporte. On reste dans le souffle en subissant l’invisible, le brouillard, la lumière, le cycle de la vie. En s’émouvant, en restant dans le rêve d’un rêve qui laisse sa trace sur le regard que l’on porte à la vie et à sa fugacité. Carpe diem… Carpe diem...
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