Dès la première seconde, une tension palpable. Derrière Hiroaki Umeda, des lignes en suspens, à la recherche de modulation de fréquence. L'artiste use avec virtuosité des effets d’optique. Les horizontales et verticales projetées, le ratissent, se croisent, se font des courbes là où il n’y avait que droites. Traversé par les ondes sonores et avalé par l’espace, le danseur tremble, glisse imperceptiblement. Son jeu de jambes souple et subtil suffit à le faire basculer dans les perspectives linéaires qu’il crée avec les images de synthèse. Par moment, le son sature, fait vibrer l’air pour mieux prendre possession de son corps et le déséquilibrer.
Même immobile, Umeda ne l’est pas tout à fait. Son corps semble en permanence animé par les jeux de projection qui tapissent le fond de scène et le plateau tel un écran hypnotique. Le spectateur est immergé dans une succession de soubresauts électriques et son regard balayé dans toutes les directions, avec le danseur pour seul repère.
Dans Haptic, Hiroaki Umeda interroge à nouveau notre perception visuelle. Sauf que la vidéo projection est remplacée par la lumière et plus particulièrement la couleur. Le liseré lumineux qui encadre la danse, vire du vert clair au bleu profond en passant par le rouge éclair. La tension reste forte, presque agressive.
Le corps en surcharge électrique, Hiroaki Umeda répond aux pulsations colorées jusqu’à perdre le contrôle de ses jambes. D'abord crispés, ses membres se dénouent. Il n’a plus de prise. Tournis.
Toujours face à nous, le danseur se métamorphose en trait d’union, flux de courant, hystérie d’un Japon ultra informatisé, médiatisé, connecté…
Impression rétinienne. Saturation de son et de lumière. Syncope.
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