Dans une rue commerçante, Lise Duclaux met la danse en vitrine. Dans ce cadre de représentation atypique, trois duos se relaient chaque heure tout au long de la journée et dansent sans relâche. Ils intriguent et captent le regard par leurs tenues criardes. Une énergie certaine et une fièvre se dégagent de cette vitrine. Pourtant, aucun son ne filtre à travers cet écran, ce qui accentue le sentiment de décalage entre la vitrine et la rue. Mis en exposition, les danseurs ne sont pas dans la recherche de technicité. C'est dans un rapport ludique et immédiat que la danse interpelle. La démarche ne laisse que rarement indifférent. Interrogeant notre rapport à la représentation, Lise Duclaux investit un espace public où l'intervention de la danse passe pour accidentelle.
Par jeu de miroir, le spectacle se propage rapidement à la rue. Les réactions des passants sont très diverses. Certains passent en levant le nez et haussant les sourcils, certains s'arrêtent pour contempler un instant et s'interrogent, d'autres encore vont jusqu'à provoquer les danseurs en duel... Des automobilistes font marche arrière ou ralentissent; un autre s'arrête pour observer les gens massés de l'autre côté de la rue, face à la vitrine. Et redémarre sans saisir ce qui capte justement l'attention... «Mais c'est quoi le but?», s'interroge une femme d'un certain âge, candide. Cette seule réaction en dit long: la question de la finalité devient fin en soi; et l'installation de prendre tout son sens. Une vitrine-miroir, dédiée à tous ceux qui croiraient encore que le comique se trouve uniquement du côté de la représentation, et qu'il faut toujours du sens, que le spontané ne suffit pas...
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