Dans une caravane, ouverte au regard, se livre une lutte malsaine entre un homme agressif (ancien boxeur), une femme soumise (prostituée) et une témoin passive (la femme de chambre). Enfermés, à l’étroit, ils jouent la scène d’une nuit de débauche. Dans une cabine, accolée à la caravane, un boxeur (un vrai, lui, pas un acteur) répond aux questions d’une journaliste, elle aussi assise en dehors de la «scène principale». Par des écouteurs placés tout autour de la caravane, le public peut suivre l’interview du boxeur.
A l’extérieur donc, la journaliste lui demande comment il se prépare pour le combat, ce qu’il ressent avant de monter sur le ring, quand il rencontre son adversaire, quand il le frappe. En parallèle, à l’intérieur de la caravane aménagée en chambre d’hôtel, les trois autres (personnages fictifs) se débattent et s’enlisent dans une liaison sado-masochiste. Le personnage de l’ancien boxeur, torse nu et muni d’un gant de boxe rouge, est attaché comme un chien à une laisse. Il cherche à faire mal à la prostituée, à l’amoindrir. La femme n’a pas le choix, elle n’a pas choisi, elle subit pour subsister. La témoin, elle, refuse, elle cogne et se cogne, impuissante, à l’homme qui la repousse. Pendant ce temps, le boxeur installé dans la cabine raconte, calme, son métier, se battre. Il détaille ses blessures les plus fréquentes, au visage, aux mains, le régime qu’il s’inflige, le malaise, aussi, le jour où l'un de ses amis, un adversaire, est tombé KO les yeux rivés vers le ciel: «Le pire moment de ma vie». Chaque round dure 3 minutes, chaque combat comprend de 12 à 15 rounds... Dans la chambre d’hôtel, l’ancien boxeur maltraite les femmes. Pourquoi? Que cherche-t-il à faire sortir, quel démon, quelle défaite sur lui-même? Face à lui, l’une est sur la défensive, l’autre sur l’offensive. Elles se soutiennent et dansent sur des images troubles, des bains de sang...
Gravitant tel un voyeur autour de cette caravane à double scène, le public peut observer la chambre d'hôtel soit de face, au travers d’une vitre peu à peu couverte de buée, soit par des fentes, à l’arrière, trous de serrure d'un autre genre. Un peu malgré lui, il observe alors jusqu’où l’on peut aller pour gagner sa vie. Un peu malgré lui, il viole les pires instants d’une intimité mise en parallèle avec un combat de boxe sanglant.
Rien de bon ne sort de cette chambre d’hôtel, juste des draps trempés de sueur, aigre. Compte à rebours. Les 50 minutes du combat sont écoulées. La passe est terminée. L’arbitre siffle. Tout le monde est là, intact. Du moins physiquement. A peine quelques plaies à soigner, des bleus à cacher, et la caravane peut repartir. Après tout, boxeur ou pute, «les clients, on les croise». Adversité.
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