Adapting For Distortion s'inspire de l'art cinétique et s'appuie sur les développements informatiques les plus récents. Haptic, le deuxième solo présenté, délaisse l'informatique et la vidéo projection pour privilégier la lumière et plus particulièrement les couleurs.
Illusions d’optique
Une statue qui vacille. Des lignes lumineuses blanches traversent, «découpent» ce corps comme des dizaines de lazer. Un art cinétique, une mécanique traitant, jouant des mouvements et de la lumière. Un art aux accents hypnotiques.
La projection de lumière est manipulée, calculée pour tromper l’œil, donner un effet de perdition du corps tapissé par cette projection. On est embarqué dans la 3e dimension, comme si Hiroaki Umeda était une image de synthèse projetée. Les jeux de lumière, autant que la musique, nous emportent dans un monde complètement surnaturel.
Les mouvements? Ils perdraient presque de leur netteté, de leur tracé dans l’espace. Comme si le corps de Umeda glissait sans efforts, comme s’il était contrôlé par une énergie électrique. Une possession qu’il laisse couler dans ses veines pour que chaque partie de son corps prenne vie individuellement. Telle une force cherchant à s’échapper du corps, une variation de flux électriques prend possession de cet homme qui ne semble plus humain. Tantôt immobile, tantôt en transe. Une transformation douloureuse de chacun de ses membres, comme si une électrocution intérieure les détruisait.
Associations et perceptions
Transporté ailleurs, l’espace est cadré par des arrêtes lumineuses. Un jeu de lumière cette fois plus calme, plus posé; coloré aussi. Des couleurs éblouissantes même. Sous les pieds d’Umeda, le sol change de tons au rythme de séquences nettement dessinées. Notre état psychologique change, lui aussi, de tonalité, selon la couleur projetée. Vert! Serein. Bleu! Apaisé. Rouge! Enervé…
Hiroaki Umeda danse au milieu de ces émotions colorées. Ses jambes sont incontrôlées, habitées. Une envie de s’échapper les font aller dans tous les sens. Parfois dans ses gestes, on a l’impression que ses os n’existent plus, que ses articulations sont devenues élastiques.
La musique, électronique, fait songer à un bruit de photocopieuse, incessant, modifié, poussé à l’extrême et plongé au milieu de basses puissantes. Sous ces chocs, le corps se crispe, paralysé devant une telle performance chorégraphique. Et au fond du ventre, des tremblements, des écrasements vous tordent.
La violence du plateau finit par vous pénétrer, et vous laisse une empreinte, ferme. On ressort de ce double solo comme d’une séance d’hypnose douloureuse et délicieuse à la fois.
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