Capter l'esprit d'un lieu et le restituer à travers une chorégraphie, le cheval de bataille de feu Merce Cunningham lors de ses Events.
Le précurseur et le déjà-vu...
Sur un plateau nu, c'est en rouge et orange que les treize danseurs de la Merce Cunningham Company restitue intact le langage chorégraphique de leur maître. Des corps articulant des géométries, des lignes, des angles marqués. Des figures défiant l'équilibre, des bonds, des portés... Le corps est présenté dans toutes ses dimensions. Corps-objet modélisé virtuellement. Le tout est exécuté avec grande souplesse. La danse, affaire ici de virtuoses, revêt un caractère automatique, robotisé. Les vitesses et les dynamiques, très diverses, entretiennent un flux continu où les rencontres semblent calculées au plus juste. La calcul est omniprésent dans l'esprit des danseurs. Que ce soit en répétitions où ils travaillent en silence pour mieux pouvoir compter ou en représentation où ils s'obligent à faire abstraction de la musique pour ne pas perdre le fil de leur partition chiffrée.
Une bande son étouffante
Prolongement des collaborations avec John Cage, la bande son est improvisée mais obéit à une structure précise traitée mathématiquement. Assemblage de sons électroniques distordus, de notes pincées sur un violon et de plaintes surréalistes. Un certain aspect mystique s'en dégage et rappelle le travail déjà esquissé dans Squaregame. Peu à peu, le spectateur est enserré, prisonnier de cette discordance sonore. Prenant le pas sur la chorégraphie, la bande son allonge et rend pénible l'expérience d'Event. Petit à petit, on perd toute empathie pour ces treize danseurs tenant des figures que l'on devine douloureuses. Une réelle frustration, car ce n'est pas l'absence d'adéquation entre musique et chorégraphie qui fait ressentir cette perte mais bien la puissance démesurée accordée à la dimension sonore.
L'arbre qui cache l'immobile forêt?
La performance et la technicité des interprètes exercent un charme hypnotique rendu progressivement quasi caduque par une musique envahissante. Merce Cunningham chercherait-il ici à cacher sa danse? Tant d'éléments chorégraphiques rappellent ses pièces antérieures qu'on se demande comment son langage parvient à s'oxygéner...
Un précurseur, soit, mais ne sortant pas de son créneau: l'impression qui subsiste de ce grand chorégraphe. Comme une absence de prise de risque. Le risque de passer à autre chose et d'oser réellement différemment. Auto-alimentation qui conduit à une attente. L'attente du silence... Dommage que ses collaborations avec John Cage n'aient pas également fructifié en ce sens.
3'34" de silence à la mémoire d'un Event trop saturé.
Le précurseur et le déjà-vu...
Sur un plateau nu, c'est en rouge et orange que les treize danseurs de la Merce Cunningham Company restitue intact le langage chorégraphique de leur maître. Des corps articulant des géométries, des lignes, des angles marqués. Des figures défiant l'équilibre, des bonds, des portés... Le corps est présenté dans toutes ses dimensions. Corps-objet modélisé virtuellement. Le tout est exécuté avec grande souplesse. La danse, affaire ici de virtuoses, revêt un caractère automatique, robotisé. Les vitesses et les dynamiques, très diverses, entretiennent un flux continu où les rencontres semblent calculées au plus juste. La calcul est omniprésent dans l'esprit des danseurs. Que ce soit en répétitions où ils travaillent en silence pour mieux pouvoir compter ou en représentation où ils s'obligent à faire abstraction de la musique pour ne pas perdre le fil de leur partition chiffrée.
Une bande son étouffante
Prolongement des collaborations avec John Cage, la bande son est improvisée mais obéit à une structure précise traitée mathématiquement. Assemblage de sons électroniques distordus, de notes pincées sur un violon et de plaintes surréalistes. Un certain aspect mystique s'en dégage et rappelle le travail déjà esquissé dans Squaregame. Peu à peu, le spectateur est enserré, prisonnier de cette discordance sonore. Prenant le pas sur la chorégraphie, la bande son allonge et rend pénible l'expérience d'Event. Petit à petit, on perd toute empathie pour ces treize danseurs tenant des figures que l'on devine douloureuses. Une réelle frustration, car ce n'est pas l'absence d'adéquation entre musique et chorégraphie qui fait ressentir cette perte mais bien la puissance démesurée accordée à la dimension sonore.
L'arbre qui cache l'immobile forêt?
La performance et la technicité des interprètes exercent un charme hypnotique rendu progressivement quasi caduque par une musique envahissante. Merce Cunningham chercherait-il ici à cacher sa danse? Tant d'éléments chorégraphiques rappellent ses pièces antérieures qu'on se demande comment son langage parvient à s'oxygéner...
Un précurseur, soit, mais ne sortant pas de son créneau: l'impression qui subsiste de ce grand chorégraphe. Comme une absence de prise de risque. Le risque de passer à autre chose et d'oser réellement différemment. Auto-alimentation qui conduit à une attente. L'attente du silence... Dommage que ses collaborations avec John Cage n'aient pas également fructifié en ce sens.
3'34" de silence à la mémoire d'un Event trop saturé.
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