mardi 1 décembre 2009

Engundele - Texte de Sébastien Noulet

Engundele est une cérémonie traditionnelle de la province d’Equateur, au Congo. Lors de celle-ci, plusieurs ethnies issues des quatre coins de la province se réunissent pour mettre à plat toutes les tensions, déballer les rancunes et gommer les conflits, latents ou non. Le vecteur est la danse et le chant. Seules les adultes peuvent y participer, le plus souvent les personnalités importantes de chaque communauté présente. Pour délier les langues, l’agene, boisson locale, accompagne la fête. Jusqu’à l’aube, les adultes sont invités à démontrer leur virtuosité, à s’affronter par la danse et le chant. Tout est permis ou presque, le but étant de faire sortir ce qui doit l’être, d’évacuer les non-dits.
Sachant cela, on ne peut s’empêcher d’être surpris: le spectacle ne fait jamais (ou alors de manière par trop obscure) allusion au sujet. La chorégraphie n’a ni queue ni tête, mêlant sans aucune logique apparente les genres (traditionnel africain et contemporain occidental). La scénographie, composée entre autres de bidons rouillés et de plaques de tôle ondulée suspendues, n’est pas exploitée du tout. Quand, par exemple, Papy Ebotani sort un petit tas de bâtons en bois, on s’attend à une explosion de sons, mais rien… Sans parler de la projection d’une vidéo tout aussi obscure et sortant grossièrement du cadre/écran prévu. Enfin, malgré quelques enchaînements chorégraphiques prouvant un réel savoir-faire, Papy Ebotani et ses danseurs paraissent tout simplement absents. Résultat? Le spectacle laisse sceptique, voire indifférent.
Comment un sujet si fort a-t-il pu donner une pièce si faible? Et pourquoi ce manque d’enthousiasme flagrant?
Au risque de vouloir justifier un avis si tranché, il est essentiel d’expliquer le contexte qui a précédé la représentation… La Belgique a une fois de plus fait preuve de son hospitalité légendaire et a, pour une question de papier pas en règle, refusé l’accès de son territoire à une partie des danseurs de ce projet! Bloqués à l'aéroport, ils se sont vus infliger le traitement réservé à ceux que nous appelons les sans-papiers. Humiliés verbalement par la police, ils ont dû attendre deux jours avant de pouvoir retrouver leur liberté... Et pouvoir enfin travailler sur la finalisation de Engundele... Tant bien que mal... Mais peut-être avaient-ils davantage besoin de débattre avec le public sur des questions de société que de se donner en spectacle…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Réagissez, critiquez, encouragez... écrivez ;o!